Après avoir abordé la psychomotricité et avoir présenté le psychomotricien, je vous invite à découvrir comment s’organise l’accompagnement en psychomotricité et le bilan psychomoteur.

Comment ça se passe en psychomotricité ?

L’accompagnement psychomoteur s’appuie sur des objectifs et des moyens d’action concrets. Le psychomotricien utilise de nombreuses médiations. Ces médiations permettent de répondre à un objectif. Avec les enfants par exemple, le jeu est une des médiations utilisées.

« Le jeu est le travail de l’enfant ». On joue, pas seulement pour jouer mais pour expérimenter et grandir. Au fur et à mesure des séances de psychomotricité, ce sont ces objectifs qui nous aident à déterminer l’évolution de la situation.

Si on reprend le décret de compétence du métier de psychomotricien, l’article R4332-1 du code de la santé publique stipule :

« Les personnes remplissant les conditions définies aux articles L. 4332-2, L. 4332-4 et L. 4332-5 sont habilitées à accomplir, sur prescription médicale et après examen neuropsychologique du patient par le médecin, les actes professionnels suivants : 1 – Bilan psychomoteur,… »

De ce fait, un accompagnement en psychomotricité se met en place après la réalisation d’un bilan psychomoteur. En effet, c’est suite à cet examen psychomoteur que le projet thérapeutique est établi. Voyons plus en détails ce qu’est le bilan psychomoteur.

Le bilan psychomoteur

Le bilan psychomoteur est l’outil indispensable à tout psychomotricien. C’est un moment propice à la rencontre. Cet examen psychomoteur permet d’objectiver et d’évaluer les compétences et les difficultés psychomotrices de la personne à un instant T. C’est une véritable « lecture du corps » afin d’avoir une photo la plus complète et précise du profil psychomoteur.  

Nous avons vu que le psychomotricien est un auxiliaire de santé. Par conséquent, le bilan psychomoteur est réalisé sur prescription médicale. Or, en libéral, il n’est pas remboursé par la sécurité sociale. Alors que dans les structures de soins, il n’est pas à la charge des familles.

Infographie du Calendrier’Psychomot 2021

Téléchargez ici l’infographie sur le bilan psychomoteur : Calendrier’Psychomot décembre 2021

Comment il se construit ?

Lors du bilan, le psychomotricien évalue les compétences motrices, psychoaffectives et cognitives du patient. Il s’appuie sur des observations cliniques et des tests standardisés.

Ces derniers sont étalonnés. C’est à dire qu’ils permettent de situer un patient par rapport à une norme, en comparant ses résultats à sa classe d’âge. En effet, le psychomotricien applique des épreuves similaires en fonction de l’âge du patient. La passation et la cotation de ces tests standardisés sont strictes et « réglementées ». Cela dans le but d’avoir des informations les plus objectives possibles en fournissant une évaluation quantitative.

Pour mieux comprendre l’aspect chiffré, c’est par ici : les tests standardisés dans le bilan psychomoteur.

En couplant les tests standardisés (évaluation quantitative rappelez vous) aux observations cliniques, le psychomotricien nuance les résultats obtenus. Généralement, grâce à ces observations, on identifie ainsi le comportement, les stratégies de compensation, l’impact émotionnel, les causes des échecs, la relation à l’autre etc. On ajoute donc une évaluation qualitative.

En fonction des résultats, un projet thérapeutique est proposé. C’est lui qui détermine si on met un accompagnement en psychomotricité en place. Ce projet recense les objectifs de travail, les modalités de l’accompagnement et les moyens utilisés pour les atteindre. Des préconisations et aménagements sont possibles pour le quotidien et peuvent y être intégrés.
Ce projet thérapeutique est donc unique, adapté et propre à chaque individu. En lien avec ce projet thérapeutique, les hypothèses psychomotrices seront énoncées. Et éventuellement, ces hypothèses seront croisées avec des bilans complémentaires pour qu’un diagnostic puisse être posé.

Qu’est ce qui est observé ?

Le bilan psychomoteur est donc propre à chaque personne en fonction de son âge, des difficultés et du motif de consultation (notamment s’il y a pathologie ou non). Il permet d’évaluer les fonctions psychomotrices telles : 

? La Motricité globale avec dissociations et coordinations dynamique générales – équilibres statistiques, dynamiques, coordinations de mouvement, maîtrise de balle…
? La Motricité fine (ou manuelle) et les praxies gestuelles
? La Graphomotricité (tout ce qui a attrait au geste graphique et à l’écriture)
? Le Tonus et la régulation tonique
? La Latéralité 
? Le Schéma corporel et l’image du corps 
? L’organisation spatio-temporelle, incluant la visio-construction
? La Sensorialité
? Les Fonctions exécutives : attention, concentration, planification, programmation …
? L’aspect plus psychologique : Émotionnel / Relationnel / Communication / Comportement

Retrouvez ici un #instantpsychomot sur mon Item préféré de bilan psychomoteur pour avoir une idée plus concrète du procédé.

Comment se déroule un bilan psychomoteur ?

Chaque professionnel a sa propre façon de procéder. Néanmoins, le bilan psychomoteur se décompose en plusieurs temps.
Un entretien de rencontre dit d’anamnèse, permet de faire connaissance, de spécifier la demande. C’est aussi un temps pour retracer l’histoire de vie et les problématiques présentes au quotidien, dans les différents lieux investis. C’est le moment où je demande à la famille « qu’est ce que vous attendez de la psychomotricité ? »

Un temps d’évaluation s’appuyant sur des épreuves psychomotrices et des observations cliniques. Cela peut se faire par l’intermédiaire d’activités libres mais aussi plus structurées.
En off, le psychomotricien analyse, côte les tests, met en corrélation les différentes données afin de rédiger un compte rendu. C’est le temps d’analyse et de rédaction. Généralement, il est de plusieurs jours voir semaines.

Un temps de restitution avec un compte rendu écrit visant à expliciter le profil psychomoteur de la personne après l’analyse des résultats. Lors de ce temps, on reprend avec le patient et/ou ses responsables légaux l’ensemble de l’écrit. On explique, on fait le lien, on aborde les objectifs et le comment s’y prendre et on répond aux questions.

Le compte-rendu de bilan est ensuite transmis au patient et/ ou ses responsables légaux. C’est une pièce du dossier médical du patient. Ainsi, il ne peut être transmis à d’autres professionnels que sur accord du patient ou de ses responsables légaux.

La pluridisciplinarité

Le psychomotricien ne travaille jamais seul. Il intervient auprès d’un patient et de sa famille certes. Pour la soutenir au mieux, le psychomotricien travaille également en lien avec son environnement familial, social, scolaire et médical. Le psychomotricien fait ainsi partie d’une équipe pluridisciplinaire : ce sont les différents partenaires oscillant autour du patient.

Parmi ces partenaires, on retrouve le médecin prescripteur, les professionnels de santé (ergothérapeute, orthophoniste, neuropsychologue…), les professionnels éducatifs (enseignants, éducateurs…). Ces partenaires peuvent être intéressés par le compte rendu de bilan psychomoteur.

Les préconisations de bilans complémentaires

Il arrive que le psychomotricien ait besoin de bilans complémentaires. Il peut ainsi conseiller et orienter le patient vers des partenaires de soins. En fonction des bilans demandés, une prescription médicale est nécessaire. Il faudra alors s’orienter soit vers le médecin généraliste ou spécialiste, soit vers le médecin de la structure où est suivi le patient.

Parmi les bilans complémentaires, il est possible d’être orienté vers des professionnels paramédicaux : l’orthophoniste, l’orthoptiste, l’ergothérapeute, le kinésithérapeute, le podologue, le psychologue, le neuropsychologue. Des bilans sanguins et médicaux sont importants en s’orientant vers le neuropédiatre, l’ophtalmologiste, l’ORL.

Nous reviendrons plus tard sur les différents rôles de chacun.

Et le diagnostic dans l’histoire ?

Le bilan psychomoteur étant une photo du profil psychomoteur à un instant T, il est important de prendre en compte le mouvement, l’évolution du patient. Il arrive donc régulièrement au psychomotricien de proposer une réévaluation du bilan après un suivi rééducatif afin de comprendre, d’observer les changements. Cette objectivation permet de se rapprocher d’un éventuel diagnostic.

Le bilan psychomoteur est un outil permettant d’établir des hypothèses cliniques et des axes de travail.

Un diagnostic fiable repose donc sur l’ensemble des conclusions des divers bilans réalisés. Certains troubles ont des symptomatologies si proches, qu’il est essentiel de croiser les évaluations pour en faire le différentiel.

Ensuite, c’est au médecin de croiser et de valider un diagnostic. Pour ce faire, les différents professionnels échangent et se réunissent pour mettre en commun les différents éléments. Ils ajustent au mieux leurs accompagnements aux besoins du patient et de sa situation. Ainsi, un projet de soin individualisé se construit, et ce quelque soit l’âge du patient.

Pour aller plus loin

Vous êtes curieux d’en découvrir davantage sur l’accompagnement en psychomotricité ?

Vous trouverez sur le blog des articles présentant la Psychomotricité pour découvrir tout un tas d’informations sur ce fabuleux métier. La rubrique activité psychomotrices regorge de ressources en tout genre comme des jeux, des lectures ou encore des outils pour développer l’autonomie. Je vous donne aussi rendez-vous dans la newsletter du blog !