Avec ma comparse Oceanie mieux connue sous le pseudo @la.diantromotricienne sur instagram, nous nous sommes associées pour parler des troubles de l’écriture et de la dysgraphie.

Dans l’article qui suit, Oceanie aborde la définition de la dysgraphie. Ainsi que l’importance d’être rigoureux dans le vocabulaire que nous employons en tant que professionnel. Je consacre la seconde partie à l’aspect plus rééducatif de l’écriture en psychomotricité.

Dans un premier temps, démystifions la dysgraphie, ce trouble de l’écriture.

Dysgraphie définition

Qu’est ce que la dysgraphie ? Lorsque je vous ai posé la question, j’ai eu cette réponse :

C’est un trouble de l’écriture.

Certes, mais encore ?

Déjà, la dysgraphie n’est pas une entité nosographique, c’est à dire que ce n’est pas un diagnostic.

Et pourquoi?
Parce qu’une dysgraphie toute seule, ça n’existe pas.
Vous pouvez chercher dans les recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS), de l’INSERM, dans le DSM (Manuel Diagnostique et statistique des troubles mentaux), tu ne la trouveras pas.

Oh ben alors, pourquoi on lit souvent : cet enfant était dysgraphique, en X séances, l’amélioration est spectaculaire ! Ben… Parce qu’il n’est pas dysgraphique.

Une difficulté d’écriture n’est pas une dysgraphie.

La dysgraphie, c’est un trouble.

Et le trouble… Ben ça se guérit pas. Ça reste ton compagnon de route. Tu apprends à le compenser, à vivre avec. Mais il va persister.

Alors, ce faux diagnostic de dysgraphie, c’est un abus de langage.

Manque de formation ? Volonté de promouvoir son activité ? Mauvaise compréhension de la neuropsychologie ? Il y a plein de raisons qui peuvent expliquer comment ce mot a pu être galvaudé.

Dysgraphie : Un trouble complexe

Pourquoi une dysgraphie seule, ça n’existe pas ?

Parce que l’écriture est liée à un nombre de fonctions juste HALLUCINANT !
Que ce soit de façon physique, psychologique ou neuropsychologique. Traitement visuo spatial, rythme, organisation posturale et tonique, organisation praxique, mémoire, attention …

L’écriture c’est la synthèse de tout ça, une coordination d’une complexité dingue !

Vous comprenez que c’est TOUT LE CORPS qui participe au geste graphique !

Alors quand un enfant présente des difficultés d’écriture, il est nécessaire de faire un bilan complet chez un professionnel de santé : psychomotricien, ergothérapeute ou orthophoniste formé.
Parce qu’il va falloir absolument tout évaluer pour savoir d’où vient la (les?) difficulté et pouvoir rééduquer en cas de difficulté simple, ou compenser en cas de trouble avéré.

Lors d’un bilan psychomoteur complet, le graphisme va être évalué par des tests standardisés comme le BHK ainsi que des tests plus larges tels le MABC2, NP-MOT, VMI, Frostig etc.

On imagine aisément qu’entre un enfant qui a un trouble de la commande motrice, celui qui ne sait juste pas former ses lettres, celui qui a un trouble de la planification motrice ou celui qui présente une difficulté attentionnelle, l’aide à apporter ne sera pas la même !

À garder en tête

Deux axes sont importants à retenir de cette première partie :

D’une part, nous professionnels soyons rigoureux dans les termes que nous employons.

D’autre part, vous parents, soyez attentifs aux qualifications de celui qui va évaluer votre enfant, et ne vous faites pas avoir par la poudre aux yeux que renvoient certaines communications publicitaires.

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comment on rééduque concrètement ?

Rééducation de la graphomotricité en psychomot

Vous avez pu voir que le geste graphique est complexe et engage l’ensemble du corps. C’est bien beau tout ça, mais comment on travaille l’écriture en psychomotricité ?

Et bien on va écrire… ou pas forcément !

Rappelons que le développement se poursuit selon plusieurs lois

La loi proximo-distale permet au tonus du tronc d’être renforcé (tonus proximal) avant le tonus du bout des doigts (tonus distal). 

C’est à dire que l’évolution de la motricité fine va s’installer une fois la motricité de l’épaule libérée. Toutes les étapes comptent !

C’est pour ça qu’en séance on refait du quatre pattes même pour travailler l’écriture ! Oui, cette étape renforce les muscles de la nuque et des épaules permettant une certaine stabilisation posturale. 

Et puis la main d’un enfant est encore en construction comme vous pouvez le voir sur cette photo :

Vous retrouverez plus d’explications dans l’article suivant : Le développement de la main.

Axes importants de la rééducation

Par conséquent, en psychomotricité le geste graphique se travaille selon deux axes. Les maitres mots seront :

Expérimentation et Plaisir

Guidées ou non, les manipulations permettront aussi la création de nouvelles connexions dans le cerveau.

En fonction de la difficulté, on va travailler sur plusieurs plans : 
?Moteur : expérimenter des compétences motrices globales et fines pour mieux contrôler le geste
?Cognitif : discriminer les lettres et mémoriser les associations
?Sensoriel : mieux sentir son corps pour mieux l’utiliser
?Émotionnel : favoriser la persévérance sans mettre en échec
?Aménagement : optimiser l’installation au niveau corporel et matériel 

Le travail des compétences se fait de façon transversale. C’est-à-dire qu’en travaillant un domaine, ça se répercute sur un autre domaine. 

Évidemment, on garde en tête qu’on travaille en lien avec l’enfant, sa famille et le corps enseignant. Afin de s’adapter au mieux aux difficultés de l’enfant, à ses progrès et à ce qu’on lui demande.

Nos conseils de psychomot

Effectivement, pour faciliter la rééducation, nous conseillons beaucoup … Beaucoup d’activités psychomotrices.

Dans un premier temps, beaucoup d’activités de motricité globale libre et sans contrainte. Jouer dehors, grimper, escalader, sauter, ramper, nager, faire des jeux de ballons. Tant d’expériences qui renforceront le corps ainsi que les acquisitions de coordination et de structuration spatio-temporelle.

Dans un second temps, beaucoup d’activités de manipulation libre : jeux de transvasement, patouilles, pompons, gommettes, pâte à modeler, peinture, coloriage, faire la cuisine… Des boites à motricité fine peuvent être facilement créées par exemple.

Varier les supports et les plaisirs dans ces activités psychomotrices en partant des intérêts de l’enfant. Concernant l’écriture à proprement parler, on évitera les longs temps d’écriture. Copier des lignes et des lignes pendant des heures n’aidera pas vraiment à l’automatisation du geste.

Privilégions la qualité à la quantité : 5 minutes d’écriture par jour fait sereinement sera bien plus bénéfique que 20 minutes réalisés dans la « souffrance ».

Voici quelques idées d’activités psychomotrices pour travailler l’objectif « Renforcer les pré-requis graphiques » ?

En espérant que ces quelques précisions et idées vous aident à mieux comprendre les soubassements de l’acte graphique.

Pour terminer, rendez-vous dans la catégorie Psychomotricité pour découvrir qui est le psychomotricien ou encore dans la section activité pour tout un tas d’activités psychomotrices !