Suite à l’infographie du mois de février, que vous pouvez consulter ici, je vous propose un petit topo sur la prématurité. Entre notions, épidémiologie, facteurs de risque, causes et conséquences… Eclaircissons les choses ensemble.

Qu’est ce que la prématurité ?

Une grossesse dure approximativement 40/41 semaines d’aménorrhée (ou SA) soit 9 mois grossesse. Il s’agit là de l’âge gestationnel, c’est à dire qu’on compte en partant du premier jour des dernières règles. L’enfant est considéré à terme lorsqu’il nait après 37 SA. ‏

On parle de prématurité lorsque la naissance survient avant 37 SA soit 35 semaines de grossesse. L’enfant nait trop tôt.

Il existe plusieurs degré dans la prématurité en fonction du terme :

  • La prématurité moyenne va de 33 à 36 SA + 6 jours.
  • La grande prématurité va de 28 à 32 SA + 6 jours.
  • L‘extrême prématurité intervient avant 28 SA soit en dessous de 6 mois de grossesse.

En cas de prématurité, on distingue l’âge réel et l’âge corrigé.

L’âge réel c’est l’âge chronologique du bébé alors que l’âge corrigé, c’est l’âge qu’il aurait s’il était né à terme. On fait cette distinction parce qu’on utilise l’âge corrigé comme repère de développement, au moins, jusqu’au deux ans de l’enfant né prématurément.

Exemple : un bébé de 5 mois né à 32 SA a un âge réel de 5 mois et un âge corrigé de 3 mois. On s’attendra à trouver chez ce bébé un développement équivalent à un bébé de 3 mois et non de 5 mois.

La prématurité en chiffres

Sur 800 000 naissances par an, la prématurité concerne plus de 60 000 naissances par an.

Sur les 15 dernières années, on note une hausse de 22% de la prématurité. Cette augmentation est due à de nombreux facteurs dont la prématurité induite, qui représente 45% des accouchements avant 33 semaines d’aménorrhée.

Pronostic vital

Plus la prématurité est faible, c’est à dire proche du terme, plus le pourcentage de survie de l’enfant est élevé. Au dessus de 32 semaines d’aménorrhée, la mortalité est faible. En moyenne, les statistiques de l’INSERM mettent en évidence :

99% de survie pour les naissances entre 32 et 34 SA avec 97% sans pathologies graves.
94% de survie pour les naissances entre 28 et 31 SA avec 81% sans pathologies graves.
En dessous de 28 SA, le taux de survie baisse à 60%. Il y a donc une grande différence au terme de 28 semaines d’aménorrhée.

En France, l’OMS fixe la limite de début de réanimation d’un bébé à 24/25 semaines d’aménorrhée pour un poids minimal 500 grammes.

Facteurs de risque :

Dans les facteurs de risque favorisant une prématurité, on retrouve :

Les conditions socio-économiques défavorables (milieu défavorisé, bas niveau d’étude, monoparentalité…)
La pénibilité au travail et le stress en général.
L’âge maternel : soit inférieur à 18 ans soit supérieur à 40 ans.
La consommation de tabac, d’alcool ou de drogues.
Les antécédents d’accouchement prématuré, de pathologies, de malformations utérines.
Le recours aux Aides Médicales de Procréation.
Les grossesses multiples.

Causes possibles de la prématurité

Distinguons la prématurité spontanée et la prématurité induite.

La prématurité spontanée (60% des accouchements) est la conséquence d’une anomalie de la grossesse. Par exemple, lors d’une rupture prématurée des membranes, d’une infection à la listériose, d’une mise en travail spontanée avec contractions que l’on ne peut arrêter…

La prématurité induite (40% des accouchements) résulte d’une décision médicale pour raisons menaçants la mère et/ou l’enfant. Par exemple, lors d’un retard de croissance intra-utérin grave (RCIU), dans un contexte de pré-éclampsie ou de diabète gestationnel déséquilibré…

Les causes courantes

Voici les 5 situations les plus courantes avant 33 SA.

Retard de croissance intra-utérin. Poids et taille trop petit par rapport à l’âge gestationnel, en se basant sur les courbes de croissance. Repéré grâce aux échographies, l’accouchement par césarienne est proposé.

Rupture prématurée des membranes (25 à 35%). Rupture de la poche des eaux due à de nombreux facteurs (infection intra-utérine, consommation de tabac, conditions socio-économiques défavorables…).

Travail prématuré spontané (25 à 30%). Début de travail sans rupture des membranes due à une infection utérine mais aussi liée aux conditions de vie stressantes.

Hypertension artériel de la maman et ses complications (20%). Complication qui peut se lier à d’autres pathologies comme la pré-éclampsie, l’éclampsie, l’hématome rétro-placentaire

Hémorragies (20%). Saignements abondants qui mettent en danger la mère et le bébé. On parle de placenta praevia qui est mal attaché, d’hématome rétro-placentaire associé ou non à une hypertension ou d’hémorragies à l’origine non identifiée.

Le risque de prématurité est plus important lors de grossesses multiples (7% chez les jumeaux et 25% chez les triplés). 

Souvent, on ne parvient pas à déterminer la cause.

Les complications liées à la prématurité

Le bébé se développe in-utéro donc en cas de prématurité, le bébé n’est pas encore « fini ». Selon le stade de la prématurité et de comment va l’enfant, il va être orienté vers différents services :

  • Type I : la maternité. Elle accueille la majorité des naissances avec des bébés à partir de 36 SA pour un poids supérieur à 2000 grammes.
  • Type II A : la néonatalogie. Elle accueille les bébés à partir de 34 SA ayant un poids à partir de 1600 grammes et qui ont de faibles besoins en oxygène.
  • Type II B : les soins intensifs. Elle accueille les bébés à partir de 32 SA pour un poids de 1200 grammes. Ces bébés ont des cathéters centraux et des besoins en oxygène plus importants.
  • Type III : la réanimation néonatale. Elle accueille tous les bébés en dessous de 32 SA et qui pèsent moins de 1200 grammes. Ils présentent en général des pathologies graves.

L’hospitalisation est donc indispensable pour permettre à ces bébés de se développer au mieux malgré leur arrivée précoce dans notre monde. Et leur permettre de rentrer chez eux aussi forts que possible tout en soutenant les parents.

Quelques caractéristiques du bébé prématuré

Les organes d’un bébé né avant terme ne sont pas encore matures et dépendent du niveau de prématurité de bébé. Dans la prématurité, le cerveau, les poumons, le tube digestif et le canal artériel sont les quatre organes les plus fragilisés.

La peau du bébé

La peau présente de nombreuses fonctions dont celle de « barrière » qui a pour objectif de réguler les échanges entre le milieu intérieur et extérieur. Chez ces bébés arrivés en avance, on voit une peau très fine et recouverte d’un duvet appelé lanugo. La fonction barrière de la peau est immature et donc sujette aux infections. La peau va avoir besoin d’un peu de temps pour acquérir les compétences attendues.

La peau a aussi une fonction de thermorégulation (température) ce qui explique les fréquentes hypothermies, en lien avec les apnées et les hypoglycémies.

Immaturité du Système Nerveux Central

Responsable du développement neurologique, l’immaturité du système nerveux central entraine des difficultés de régulation des messages nerveux avec par exemple des réflexes archaïques en baisse. Les impacts peuvent se retrouver sur les plans cognitifs, moteurs, sensoriels et/ ou relationnels.

Immaturité du canal artériel

In-utéro, l’aorte et l’artère pulmonaire sont reliées par un canal qui s’obstrue spontanément à la naissance à terme. En cas de prématurité, ce canal artériel tarde à se fermer pouvant entrainer un reflux de sang vers les poumons.

Immaturité du rythme cardio-respiratoire

Cardiaque : Le coeur est fragile et sensible à toute perturbation (manque d’oxygène, pauses respiratoires…), entrainant des ralentissements de la fréquence cardiaque appelés bradycardie.

Pulmonaire : Les pauses respiratoires type apnées sont courantes chez ces bébés à la respiration plus rapide. Les poumons ne fabriquent pas encore suffisamment de « surfactant ». Ce manque de substance peut entrainer des difficultés respiratoires. Il faut donc surveiller la diminution de la quantité d’oxygène transporté par les globules rouges.

Immaturité immunitaire

Les défenses immunitaires sont impactées car c’est la mère qui transmet les anti-corps au bébé. Cette immaturité rend le bébé plus sensible aux virus et autres infections (fragilités de la peau avec des escarres, bronchiolites…). Les gestes d’hygiène permettent de les prévenir.

Immaturité rénale

L’immaturité des reins entraine des difficultés dans la filtration et l’élimination. Le bébé a des difficultés à concentrer ses urines par exemple et peut faire des oedèmes. Le contrôle du volume et du contenu des urines permet d’adapter l’apport des nutriments.

Immaturité digestive

Le tube digestif n’est pas encore prêt pour ingérer et digérer les nutriments, tant sur le plan mécanique que sécrétoire. Le bébé ne peut pas téter ou encore déglutir avant 34 SA. Il est souvent nourri par sonde digestive ou perfusion avec surveillance de son confort digestif (éviter les ballonnements…) et adaptation de l’alimentation.

L’immaturité digestive peut être sujette à une maladie rare qui entraine une inflammation des tissus digestifs et parfois leur destruction (entérite nécrosante).

Immaturité hépatique

Le métabolisme et l’élimination de la bilirubine par le foie est difficile. Son excès dans le sang est à l’origine d’un ictère physiologique (jaunisse) qui apparait quelques jours après la naissance. Il est traité par photothérapie.‏
Il est fréquent de trouver une hypoglycémie ou encore de petites hémorragies par baisse des facteurs de coagulation.

Dans un prochain article, nous aborderons l’apport de la psychomotricité dans l’accompagnement de ces familles (parents ET enfants) prématurés.

Références pour aller plus loin :

De nombreux sites ou associations existent pour vous informer plus en détails.

SOS préma : association de soutien pour les parents d’enfants nés prématurément ou hospitalisés.

La Société Française de Néonatologie (SFN) : Association des professionnels de la médecine néonatale

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